14 500 emplois supprimés pour économiser 1,9 Md$ par an. C'est au final l'un des principaux objectifs du plan de restructuration initié par Mark Hurd, le nouveau PDG de HP. Sur l'ensemble de ses effectifs mondiaux, le groupe californien se prépare donc à licencier 10 % de ses salariés. Un niveau qui devrait être largement supérieur en ce qui concerne les pays d'Europe de l'Ouest, dont la France. De source syndicale, il ressort en effet qu'il faudra compter sur un dégraissage touchant 20 à 30 % des effectifs français (quelque 5 000 salariés). De passage en France, Francesco Serafini, le responsable Emea de HP, affirmait d'ailleurs la semaine dernière, que HP n'appliquerait pas le même ratio - soit 10 % - à tous les pays, certains devant être plus touchés que d'autres.
"La fourchette de 20 à 30 % ne fait plus aucun doute", regrette Didier Pasquini, délégué CFE-CGC.

Ce n'est que le lundi 12 septembre que seront officiellement communiquées les répartitions des licenciements pays par pays, après la tenue d'un comité de groupe. De leur côté, les élus au comité d'entreprise européen ont été informés le 7 septembre, tout en étant tenus de signer une clause de confidentialité.

Alors que Patrick Starck, le PDG de HP France, a affirmé aux salariés qu'aucun site ne fermerait dans l'Hexagone, certains responsables syndicaux expriment leur scepticisme face à une information rassurante mais qui colle mal avec l'ampleur estimée de la restructuration. « On a connu des sites qui ne fermaient pas officiellement mais dans lesquels les activités avaient cessé », illustre ainsi François Godard, responsable CDFT.

HP patriote ou francophobe ?

Pour protester contre un plan qu'ils estiment viser "particulièrement la France", les différents syndicats appellent les salariés à débrayer lors du comité d'entreprise européen, jeudi 8 septembre.
Ils s'interrogent en outre sur les raisons profondes de ce que d'aucun n'hésitent pas à qualifier d'acharnement : pourquoi l'Europe et la France, où les résultats de HP n'ont jamais véritablement inquiété, doivent-ils payer un aussi lourd tribut ?

Selon Didier Pasquini, la raison tient à ce que HP n'est pas organisé comme une entreprise multinationale mais plutôt comme "un mastodonte américain". Partant, "il est plus facile de faire le ménage à l'étranger que chez soi".

François Godard a pour sa part une explication plus politique. Selon lui, "les décisions ne sont plus guidées par des arguments économiques mais par une francophobie de la direction du groupe. Déjà, Carly Fiorina était proche de Bush, la tête de l'entreprise est clairement républicaine, la France est en première ligne, plus que les autres pays européens. Les autres arguments, comme les 35 heures, ne sont que des prétextes".

Si les opinions divergent sur les raisons profondes des disparités entre les pays où HP est implanté, tous expriment en revanche la même inquiétude pour l'avenir, au-delà même du plan de restructuration. Toutes tendances confondues, ils regrettent l'absence de stratégie à long terme de leur groupe et voient d'un mauvais oeil le peu d'optimisme dont font preuve certains analystes américains.